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Résumé 1ère étape SAS 2012

Ma caméra ayant rendu l'âme des le premier jour quelques informations sur le déroulement de la première étape…

Arrivee Yoann TricaultDimanche 29 Juillet : Après une sortie sympa du chenal des Sables, bon départ en bout de ligne à côté du bateau accompagnateur où avaient pris place mes parents. Après 2h de course, au près dans une mer hachée et un vent forcissant je suis bien placé parmi les bateaux de série lorsque je vois le mat de Hugo, 200m devant moi, se briser et tomber… tout de suite ça calme ! Ensuite on m'apprend que ma balise de positionnement ne fonctionne pas et qu'un bateau accompagnateur va m'en amener une autre. Vu l'état de la mer et le vent qui monte la manoeuvre est délicate et après plusieurs tentatives un peu chaudes je dois tout affaler et m'arrêter pour tenter de récupérer cette nouvelle balise... Je repars énervé car la flotte est maintenant devant et j y ai laisse pas mal de force.
Lundi 30 Juillet : Toute la nuit le bateau tape dans la mer, je me fais bien brasser et le mal de mer est présent. Dans la matinée le vent monte fort dans un gros grains et juste derrière le front passe avec une grosse variation du vent au NO. Il faut maintenant envoyer le spi mais je n'ai plus de force, je lutte contre le mal de mer et reste allongé, j'essaye de gérer au mieux. Deux heures après ça va un peu mieux et je peux renvoyer de la toile mais déjà la dorsale anticyclonique se fait sentir et le vent faibli. Les journées sont rythmées par les vacations VHF avec les bateaux accompagnateurs de 7h et 19h TU. Pendant ces vacations chaque concurrent a portée de radio donne sa position. L'autre grand moment de la journée c'est la vacation de Monaco radio à 10H TU où le directeur de course nous donne la météo ainsi que le classement.
Mardi 31 Juillet : Nous sommes toujours dans la pétole du golf de Gascogne mais la météo se confirme, une bonne dépression doit arriver dans la nuit avec un grosse mer et des rafales à 35Kt au nord du 46°N. J'en profite pour faire le tour du bateau et découvre que j'ai un toron de cassé sur mon étai (câble qui retient le mât sur l'avant du bateau). Gros coup de stress, est-ce que cela va tenir jusqu'à Horta. Dans la nuit le vent commence à rentrer de plus en plus fort. J'ai tellement peur pour mon mat que je reste a la barre pour amortir les chocs dans les vagues.
Mercredi 01 Août : Les routages préconisaient d'aller chercher la dépression dans le NO mais avec mon problème d'étai j'ai essayé de rester sud pour avoir des conditions plus clémentes. Peine perdue, le vent monte a plus de 30kt et la mer n'est vraiment pas facile. Le virement après le passage du front est un calvaire, le matossage dans un bateau qui est couché et bien remué dans tout les sens c'est l horreur, j'en ressors épuisé ! Ca fait 20h que je tiens la barre et suis exposé à des trombes d'eau, je commence à craquer... Je me demande ce que je fais la, je suis épuisé moralement et physiquement. Je me cris dessus pour continuer mais je suis au bord de la rupture. Après un contact radio avec un bateau accompagnateur qui me fait grand bien, je décide d'aller me reposer. Si le mat doit tomber, qu'il tombe... Je passe toute la nuit dans le bateau qui reste sous toile mais tant pis, j'ai besoin de récupérer.
Jeudi 02 Août : Le mat a tenu, et ça va mieux. Je renvoie de la toile et me sens à nouveau en course mais la sanction du classement est tombée me voila 21ème. Je décide maintenant de m'attacher à bien régler le bateau pour revenir sur les bateaux qui sont juste devant moi, le tout sans trop tirer sur le grémment pour préserver mon mat. Le rythme s'installe, la mer s'est calmée, ça avance mieux même si nous sommes toujours à 30 degrées de la route d'Horta.
Vendredi 03 Août : 20ème puis 19ème etc... je grapille alors le moral revient, j'essaye d'être le plus réactif possible pour que le bateau avance au mieux.
Samedi 04 Août : 18ème au classement et le fait du jour c'est que le vent a pris du Nord on est maintenant en route directe vers Horta.
Dimanche 05 Août : 17ème au classement avec 20 miles de retard sur la 15ème place qui est mon objectif, c'est jouable, alors on s'accroche ! Le vent prend encore un peu de Nord, toute l'après-midi j'essaye plusieurs configurations pour établir le genaker et encore accélérer. Il faut se résoudre, mon genak est trop grand pour ces conditions de vent et le bateau se couche sur l'eau ou alors il me faut glisser franchement sous la route ce que je ne veux pas faire car je suis déjà très sud. Dans mon livre de bord j'ecris : Aujourd hui j'ai probablement perdu mes chances de revenir à la 15ème place".
Lundi 06 Août : Gros ralentissement dans une bulle anticyclonique. La route vers Horta va être longue et il est maintenant sur que je n'y serai pas avant qu'Emilie [femme du skipper] arrive...
Mardi 07 Août : Ca repart mais toujours au près face a la mer. Un nouveau front est annonce, ça commence a être vraiment dur. Le passage du front dans l'après-midi est a nouveau délicat. Il a fallu aller manoeuvrer devant, le vent est rentré assez fort et l'ambiance est très humide.
Mercredi 08 Août : Rien ne va plus, on tire des bords dans une mer difficile dont chaque vague nous repousse un peu plus de notre objectif Horta. J'ai l'impression que je vais devoir tirer des bords pendant des jours. Je commence à être vraiment fatigué physiquement et mentalement. C'est l'horreur ce truc, j'en peu plus de trimballer des kilos d'un côté à l'autre du bateau ! Je prends la décision de faire un bord vers le Nord pour aller chercher du vent de NO au nord de l'archipel. Forcément lorsque je croise un concurrent (330) qui descend plein sud je doute mais je garde ma stratégie. Un nouveau font passe dans la nuit, ça monte à nouveau à 30kt, c'est la guerre sur la plage avant pour prendre le 1er puis le 2nd ris dans le solent. Le bateau saute sur le sommet de la vague et s'écrase dans le creux de la suivante, à chaque fois j'ai l'impression que le mat va me tomber dessus...
Jeudi 09 Août : La nuit a vraiment été dure, j'ai virée au petit matin et suis maintenant en route directe vers Horta à moins de 100 miles. Je commence à lâcher prise, j'ai le sentiment que la 15ème place qui était à moins de 10 miles devant est perdue. Pour compléter le tableau j'ai des problèmes de pilote automatique qui me fait régulièrement virer tout seul. Une fois, 2 fois 10 fois je me retrouve voiles à contre, bateau couché. Alors toute la journée je calme le jeu et reste sous toilée avec 2 ris dans la grandvoile.
Vendredi 10 Août : je rentre dans l archipel en milieu de nuit, la mer s'aplatit et je commence à savourer. A l'approche de Faial je me retrouve bord à bord avec un concurrent qui rentre dans la baie d'Horta avec 400 m d'avance sur moi (Quelle erreur d'avoir lâcher prise la veille !!!). Il passe la ligne puis le vent disparaît et je reste scotche 45 min à 200 m de la ligne d arrivée. Un zodiac arrive avec Emilie à bord, cette fois c'est bon on y est, j'apprend que je suis 15ème : génial c'était l'objectif ! Le passage de la ligne, l'arrivée au ponton, c'est juste magique. Après tant d'effort et aussi tant de souffrance c'est énorme ! Indescriptible ! Rapidement on oublie les moments les plus durs mais tout de même cette 1ère étape je l'ai trouvé bien difficile.