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Retour sur le Mini Fastnet

 

Il nous aura fallu 3 jours et 7 heures pour parcourir les 500 miles de cette Mini Fastnet 2011 que nous terminons à la 32eme place sur 44 bateaux de série. Les prévisions météo étaient très mauvaises pour la mer d’Irlande puisque le passage d’une dépression devait générer beaucoup de vent et lever une grosse mer. La veille du départ, le directeur de course devait prendre la décision de nous envoyer sur un parcours alternatif vers le sud, nous ne sommes donc pas allés virer le mythique Fastnet cette année mais la bouée BXA située à l’entrée de la Gironde.

Première course en Mini pour Erwan, 3eme course de la saison pour moi et 3eme course terminée sans incident. J’ai à nouveau beaucoup appris sur le bateau et engrangé encore un peu plus d’expérience. J’ai également pris beaucoup de plaisir à naviguer en double avec Erwan. Les conditions de vent ont été assez variées et nous avons pu mener le bateau dans des domaines de navigation que je n’avais pas encore explorés, en particulier le reaching (vent de travers) par bonne brise. Apres cette nouvelle course bouclée, ma qualification en course est validée, soit plus de 1000 miles parcourus en course, dont une course en solitaire et une course de plus de 500 miles. Dans la perspective de la grande course en solitaire prévue en août 2012 : Les Sables – Les Acores – Les Sables, il me reste à accomplir les 1000 miles de qualification hors course ce qui est prévu en septembre. Bref le timing et les objectifs fixés en début de saison sont pour l’instant tous tenus. C’est une belle satisfaction !

D’un point de vu sportif, je ne m’étais pas fixé d’objectif de classement pour cette 1ere année sur le circuit 6.50, le plus important étant de terminer les courses et d’engranger de l’expérience. Je reste néanmoins un compétiteur et j’aurai aimé faire un peu mieux sur cette dernière course, un classement en milieu de flotte était possible. Notre stratégie de course sur le retour depuis la BXA ne s’est pas révélée être la bonne pour pouvoir décrocher un tel classement, cependant je ne suis pas déçu ! Avant d’être un régatier il faut être un bon marin et de ce point de vu j’ai beaucoup progressé, donc objectif tenu !

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Le fil de la course :

Le départ est lancé dimanche 19 juin à 16h00 par 20 nœuds de vent, sous la pluie et avec une très mauvaise visibilité. Nous sommes 1 ris dans la Grand Voile + solent. Bien que bien positionné au bateau comité à 3min du départ je fais une mauvaise appréciation de la position de la ligne et du temps pour la rejoindre. Nous prenons un mauvais départ tribord amure à l’arrière du paquet. Si j’avais été bien inspiré sur la Select en virant bâbord amure après le top départ, je n’ai pas la même clairvoyance sur ce départ. Nous restons tribord amure ce qui se révèle être le mauvais bord. C’est en babord que ça passe, de plus avec la brume nous n’arrivons pas à voir la bouée de dégagement et nous prolongeons le bord trop loin. Bref ce n’est pas brillant et nous sommes derrière à la bouée de dégagement. Ensuite nous faisons route sur un bord vers la Pointe du Raz, je ne suis pas content de moi et du départ mais on s’accroche et on arrive à revenir sur quelques bateaux. A l’approche du Raz de Sein le vent monte, nous prenons un 2nd ris dans la GV pendant ¼ d’heure mais c’est surtout la mer qui devient mauvaise, elle se creuse et devient courte, ça tape beaucoup. Le passage du Raz de Sein est assez musclé.

Apres avoir passé le raz, nous faisons route vers la pointe de Penmarch au reaching sous solent dans 25 nœuds de vent, ça secoue et c’est très humide. A bord les quarts s’organisent. Nous sommes partis pour un long bord viril vers l’ile d’Yeu. Si les leaders envoient rapidement le genaker (voile d’avant plus grande que le solent), je décide de temporiser, je n’ai jamais navigué avec cette voile dans ces conditions et je préfère assurer. Sous solent nous avons le sentiment de bien avancer et nous revenons pendant la nuit sur un groupe de 3 – 4 bateaux. Avec le lever du jour vers 6h00, nous envoyons à notre tour le genaker, immédiatement ça accélère, on est régulièrement à 10 – 11 nœuds. C’est clair, ceux qui ont envoyé le genaker dès 23h ont du s’envoler ! Je ne regrette cependant pas ma décision d’avoir temporisé, nous n’étions pas suffisamment aguerris pour attaquer sous genaker avec la force de vent et la mer que nous avions à Penmarch. A la radio nous apprenons que plusieurs concurrents ont eu de la casse ou abandonnent, bref c’était le bon choix !

A l’approche de l’Ile Yeu le vent faibli progressivement. Nous passons Yeu lundi à 13h en étant à nouveau revenu sur un groupe de 4 bateaux. Apres Yeu, 2 options se présentent pour rejoindre la BXA : soit glisser vers la cote sous genaker, soit rester sous génois au près mais sur la route directe. Nous choisissions la 2nd option qui se révèle pour nous plutôt la bonne. Le vent de SO faibli de plus en plus mais le soleil revient ce qui nous permet de faire sécher un peu les vêtements car nous sommes trempés depuis le départ. Nous prenons également notre premier vrai repas en fin d’après midi.

Nous enroulons la BXA à 3h00 mardi matin, un groupe d’une dizaine de bateaux est à moins de 45min devant, bref il y a du match, nous pouvons espérer revenir en milieu de classement. Maintenant nous avons un long bord à accomplir pour rejoindre l’occidentale de Sein. Quelle stratégie adopter ? Le vent de SO doit se renforcer dans 24h et ensuite virer au NO. Faut il partir le plus possible dans l’Ouest pour anticiper la bascule du vent au NO ou rester sur la route directe et travailler la vitesse en alternant genaker et génois suivant les oscillations du vent ?  Nous choisissons de faire de l’Ouest, espérant être bien positionné pour la bascule et ne pas avoir à tirer des bords vers l’ile de Sein. Ce choix est une erreur car la bascule au NO arrivera très tard permettant aux partisans de la route directe de ne pas avoir à tirer de bords. De notre coté nous rallongeons la route et comme nous sommes au près sous Génois nous sommes plus lents !

Dans la nuit, le vent forci. Nous prenons un ris puis remplaçons le génois par le solent. Le vent continuant à monter nous devons rapidement prendre un second ris dans la GV. Le jour se lève sur une mer qui se creuse et un vent qui rentre de plus en plus fort pour atteindre un bon 30 nœuds établi. Nous subissons quelques gros grains dans lesquels la pluie et le vent se déchainent. Derrière nous, le 473 annonce un anémomètre bloqué à 52 nœuds dans un des gros grains que nous venons de traverser. Plus nous approchons Penmarch plus la mer est dure, creuse et bien blanche sur les crêtes de vagues. Nous sommes légèrement surtoilés devant mais aller prendre un ris dans le solent est vraiment une punition dans ces conditions où le pont est régulièrement balayé par les vagues. C’est assez sportif et viril comme ambiance, la fatigue commence à se faire sentir puis progressivement à l’approche de Sein le vent tombe et la mer redevient plus calme. Nous renvoyons toute la toile et enroulons l’occidentale de Sein vers 16h. Le groupe des 10 bateaux qui était 3 miles devant nous à la BXA passe l’occidentale de Sein avec cette fois 20 miles d’avance…

Après l’occidentale de Sein nous envoyons le grand Spi, nous avons devant nous un vieux proto le N°12. Nous nous fixons l’objectif de le rejoindre. La vitesse accélère, nous sommes concentrés et à l’approche de la Basse de Lys nous revenons au contact du 12. S’ensuit une petite passe d’arme où nous nous doublons mutuellement à plusieurs reprises. Nous réussissons finalement à passer et prendre quelques longueurs d’avance puis nos concurrents explosent leur spi. Nous en profitons pour prendre le large mais cette petite lutte à moins de 10m l’un de l’autre était vraiment sympa. La baie de Douarnenez est rapidement traversée et à 22H55 nous passons la ligne d’arrivée !